C’est l’une des questions les plus délicates du monde du vin ces dernières années. Une bonne raison de s’y intéresser !

D’abord, qu’est-ce que le vin dit « nature » ou « naturel »? Les guillemets ne sont pas là pour rien. Le terme n’a pas de signification officielle : pas encore encadré juridiquement, il relève que de l’usage. Certains vignerons que l’absence de sulfites (soufre) ajoutés, voire simplement un petite quantité de sulfites, permet de qualifier un vin de « nature ». D’autres assurent qu’il faut une absence totale d’intrants (d’ingrédients autres que le raisin) pour appeler ainsi une cuvée. Les derniers pensent même que cette absence d’intrants vaut à la vigne, et qu’un vrai vin « nature » est aussi un vin issu d’une culture bio ou biodynamique.

Depuis peu, une label propose un début de clarification : « Vin méthode nature ». Pour être reconnu comme tel, un vin doit être issu de vignes bios et vendangées à la main, et posséder un taux de sulfites extrêmement faible. En France, moins d’un millier de cuvées ont été certifiées à ce jour.

Quoi qu’il en soit, un vin « nature » possède moins de sulfites qu’un vin classique, ce qui implique un avantage et un défaut.

 

L’avantage : une aromatique plus expressive

C’est indéniable : un vin moins sulfité dévoile plus rapidement son potentiel, principalement l’aromatique variétale, celle liée au cépage. Les notes de fruits jaunes et d’agrumes d’un chardonnay seront bien souvent plus gourmandes et fraîches s’il est « naturel ». Idem pour les nuances de fruits rouges, fruits noirs, et fleurs mauves du pinot noir. Dans les deux cas, les dégustateurs rapportent souvent la sensation de croquer dans un fruit bien mûr, ou de déguster un jus de fruit. La texture présente, elle aussi, une beau volume, notamment en milieu de bouche. Bref, la vinification “nature” apporte de la gourmandise.

À l’ouverture, il se peut qu’une telle cuvée présente des arômes rappelant l’oignon ou le chou. Ce n’est pas un problème ! Nommée « réduction », cette tendance est le signe que le vin a été longtemps protégé de l’oxygène. Ces notes déconcertantes devraient s’estomper en quelques dizaines de minutes.

En revanche, d’autres caractéristiques annoncent un vin “nature” très mal conçu. Odeurs d’« écurie », de vinaigre ou d’oxydation sont retrouvées trop souvent dans ces cuvées, qui, contrairement à ce que l’on peut parfois penser, requièrent une très grande technicité de la part du vinificateur, qui doit veiller sans cesse à la protection de son vin.

L’inconvénient : une capacité de garde moindre

 

Autre caractéristique commune à la plupart des vins « nature », cette fois moins positive : leur capacité de garde amoindrie. Pinot ou chardonnay, le vin de Bourgogne “nature” se consomme au plus vite, dans les deux ans suivant l’achat si possible. Bien sûr, il existe des exceptions, avec des vins « nature» issus de grands terroirs et conçus par des vignerons d’exception. Mais dans ces rares cas, les prix peuvent refroidir.

De même, une bouteille « nature » est plus sensible aux chamboulements en tout genre : chaleur, lumière, vibrations… Si vous ne la dégustez pas tout de suite, laissez la couchée dans une bonne cave, en évitant de préférence tout déplacement. Mais le plus grand ennemi d’un vin «

nature » reste l’oxygène. Après ouverture, vous ne pourrez pas garder le breuvage très longtemps. Mieux vaut le boire le jour même.

En résumé, un vin “nature” n’est ni meilleur ni moins bon qu’un autre. Mais il représente une approche différente de la consommation : plus immédiate, pour les amateurs portés sur la gourmandise du fruit plutôt que sur la complexité des arômes tertiaires. Deux approches complémentaires, après tout…

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