Vigne bio Chambolle Musigny

Vigne bio à Chambolle-Musigny _ Photo DR Clément L’hôte

 

Le label bio se déploie à grande vitesse dans une région réputée réticente fut un temps.

Le climat exigeant de la Bourgogne offre des pinots noirs et des chardonnays réputés pour leur délicatesse, mais pas toujours faciles à produire… Dans ce vignoble septentrional, les grands écarts de température et l’humidité fréquente favorisent les maladies de la vigne comme l’oïdium ou le mildiou, mais également le botrytis  – ou « pourriture grise » – en période de vendange. En 2021 par exemple, les trois nuisibles ont chahuté les viticulteurs, à tour de rôle.

Dans ces conditions, comment se convertir à ce label et ainsi se passer des pesticides de synthèses, les plus efficaces? Le risque de perdre la récolte est grand, bien plus que dans des vignobles comme la Provence ou la Corse, ou les vents secs et la chaleur protègent davantage les ceps des nuisibles. Pour ces raisons, la viticulture bio a longtemps été regardée avec méfiance en Bourgogne. Tout au plus, certains optaient pour le « flexibio » : une agriculture inspirée des préceptes biologiques, mais sans certification, pour ne pas s’interdire certains pesticides en cas d’urgence.

+92% de conversions à la bio en 2020

Cette époque est révolue. D’après l’observatoire régional de l’agriculture bio, les conversions deviennent massives, de Mâcon à Chablis.  « Avec 138 nouveaux domaines ayant fait le choix de la viticulture biologique, l’année 2020 affiche une dynamique de conversion sans précédent à l’échelle de la région. Le nombre d’exploitations viticoles bio augmente de 23 %, les surfaces en conversion de 92 %. »

Ainsi, 17% des surfaces viticoles bourguignonnes auraient déjà passé le cap. C’est autant que la moyenne nationale. En Côte d’Or, département des célèbres Côte de Nuits et Côte de Beaune, on arrive même à 26% du vignoble en bio ou conversion bio, soit un quart des surfaces. Et la dynamique devrait se poursuivre, voire s’intensifier dans les années à venir, avec de grandes maisons prêtes à franchir le pas.

 

Une tendance commerciale, mais pas que…

Comment expliquer cette tendance? On le sait, la demande des consommateurs va en ce sens. Mais pas que. « C’est le facteur commercial qui motive bien souvent les conversions. La certification bio offre de nouveaux débouchés, notamment à l’export où certains pays du nord de l’Europe et en Asie mettent une priorité sur les vins avec label. La conversion à la bio offre dans un second temps à ces exploitations une approche agronomique plus pointue, renforçant ainsi la prise de conscience de l’intérêt de la bio au niveau environnemental », témoigne l’observatoire.

Beaucoup de domaines bourguignons se préparent depuis des années, dans l’ombre, pour anticiper les problèmes techniques liés au passage en bio. Car cette manière de produire implique de nombreux sacrifices pour l’exploitation. Le cuivre et le soufre, pesticides les plus utilisés en bio, sont moins nocifs que d’autres produits, mais aussi moins efficaces : pour le vigneron cela signifie traiter plus, donc faire une croix sur les week-ends, voire embaucher. De même, des pertes de rendements sont fréquemment observées.

 

Labour

En bio, on laboure pour éviter les herbicides_Photo DR Clément L’hôte

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